Les journalistes, notamment la nouvelle génération, sont mis en face des forces de l’ordre et des autorités. Ceci par l’entremise du Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie dans les médias (CORED) dans le cadre de ses rencontres intitulées «Cas d’école». Ce face-à-face tenu hier est destiné à faire prendre conscience aux journalistes de leurs responsabilités dans le cadre du traitement des questions relatives au terrorisme. Pour le directeur de la Direction de l’information et des relations avec les armées (DIRPA), Colonel Abou THIAM, porte-parole des armées et de la gendarmerie, il y a lieu de se préparer à une éventualité. «Je n’accepterai pas qu’un de vous soit plus spécialiste que moi. Toute communication doit aller dans le sens de la responsabilité», avertit-il. Avant de poursuivre : «Vous avez des repères. Quand cela arrivera, la porte, c’est la Dirpa». Pour THIAM, il y a un nouveau paradigme dont les médias doivent prendre en compte.
Pour le chef du bureau des relations publiques de la police, l’adjudant Henry CISS, il faut veiller à un traitement «qui n’altère pas l’éthique et la déontologie. Parce que les médias sont au-devant de la scène. Ils se doivent d’être responsables». CISS a présenté le thème de «la position des forces de défense et de sécurité sur la lutte contre le terrorisme».
Bien d’autres raisons ont été mises en avant pour justifier cet appel à la responsabilité. Pour le président du Cored, Bacary Domingo MANE, le cas d’école est destiné à montrer comment traiter la question. Représentante de la fondation Frédérich Ebert, Adji Khadidjatou Ndiaye soutient : «l’Afrique est devenu le nouveau théâtre des terroristes.»
Le terrorisme est en passe d’être banalisé dans certains pays comme le Nigéria, selon Gnagna Sidibé, membre du tribunal des pairs. Raison pour laquelle les journalistes doivent veiller au grain. Spécialiste de la question du terrorisme et enseignant-chercheur à l’Ugb, Bacary Sambe qui a fait une présentation sur le thème : «Contexte géopolitique mondiale : pratiques de radicalisation et rôles des médias», souligne que les attentats de Ouagadougou ont mis fin aux exceptions en Afrique de l’Ouest. Il invite à la vigilance dans l’utilisation des concepts d’autant qu’«il n’y a pas encore de définition africaine du terrorisme».
Journaliste-formateur, Mame Less Camara qui a présenté le thème : «Médias et Terrorisme : Quelle posture pour le journaliste ?», dit que le journaliste sénégalais n’a pas l’expérience de couverture de menace terroriste. «Le Jihadisme fait irruption dans nos rédactions. Il y a beaucoup de nouveaux sigles, de nouvelles alliances que nous ignorons», indique-t-il. Le doyen rappelle en ce sens que la question a été soulevée dans les années 88 avec l’affaire Action Directe qui s’est soldée par l’arrestation de quelques individus. Sinon, «au moins pour les 50 dernières années nous n’avons pas connu la situation à l’exception des affaires sur les tentatives du Pai», fait-il savoir. Selon Mame Less Camara, les malfaiteurs ont besoin des médias pour la publicité de leurs actes. A cause de cela, la destination de l’information est donc bouleversée. Le doyen invite donc à recourir à des experts pour traiter de telles questions.
WALF