Les Pme semblent ne pas suivre le rythme et la politique d’économie numérique de l’Etat qui chevauche les lois sans consulter les Pme et sans le suivi des décrets d’applications. Pis, l’Etat qui accumule des richesses issues du secteur de la télécommunication ne retourne rien aux projets émergents dans le secteur. «Les entreprises se sont regroupées pour traiter de grands sujets sur le numérique. Cinq grands consortiums ont été créés. Ils ont élaboré des solutions à proposer à l’’Etat du Sénégal. Il se trouve que c’est au moment de finaliser qu’intervient la nouvelle loi PPP qui indique que l’offre spontanée n’est possible qu’avec des projets à 50 milliards. Dans le domaine du numérique, nous n’avons pas de projet à 50 milliards. Ce plancher est plus adapté à des œuvres d’infrastructures tels que les Btp et moins aux domaines de l’économie numérique. Il faut revoir la nouvelle loi, sinon elle n’a pas d’intérêt pour le secteur des Pme», a relevé, hier, le président de l’Organisation des professionnels des Technologies de l’information et de la communication au Sénégal (Optic), Antoine Ngom, lors de la rencontre entre le public et le privé.
En plus de l’avènement de loi sur les PPP, le nouveau code des télécommunications mis en place pour favoriser le développement des Pme ne permet pas, selon ces acteurs, de s’épanouir à cause de l’absence du décret d’application. Les lois, à défaut de porter préjudice, ne sont pas appliquées. C’est le cas de la Loi d’orientation des Pme de 2007 et le code des marchés publics qui favorisent la préférence nationale. «Mais ces mesures ne sont pas appliquées et ne permettent pas l’émergence des entreprises quand on sait que la commande publique s’élève à 800 milliards de francs Cfa par an au Sénégal», souligne M. Ngom. Qui signale qu’aujourd’hui les Pme ont perdu le souffle pour revendiquer leur part de marché, d’autant que les grandes entreprises sont lésées par rapport aux expatriés établis au Sénégal.
M. Ngom rappelle que le nouveau code des télécommunications a été élaboré en 2011. Et depuis, les décrets d’application n’ont pas été publiés pour ce qui concerne les télécommunications. «Aujourd’hui, il faut aller beaucoup plus loin parce que les choses ont beaucoup bougé. Ce qu’on demande, c’est un package global entre les textes des lois et les décrets d’application», dit Antoine Ngom.
L’équation du financement
En dehors de la question des lois et décrets d’application, l’accès au financement demeure un casse-tête pour les Pme. Les chefs d’entreprises, relève le président de Optic, veulent qu’une partie des fonds régie par l’Artp à partir du secteur du numérique soit mise au profit des Pme. «On n’a pas demandé à ce que l’Artp finance les secteurs du numérique mais on demande que les fonds aillent au secteur et qu’ils lui donnent du mérite au même titre que l’énergie», indique-t-il.
Concernant toujours la question du financement, le Directeur de cabinet du ministre en charge des Télécommunications, Malick Ndiaye, reconnait que les Pme rencontrent des difficultés à cause de la complexité des garanties. A l’en croire, le secteur qui génère énormément de revenus, ne devrait pas manquer de ressources.
WALF