Face à la presse, hier, des observateurs de la Société civile ont établi la longue liste des «manquements» notés dans le déroulement du vote de dimanche. Lesquels risquent d’entacher la régularité du scrutin.
La liste est longue. Très longue même. Quand le Réseau des observateurs citoyens du Sénégal (Resocit) ouvre la liste des couacs et dysfonctionnements qui ont émaillé le scrutin de dimanche, cela témoigne des nombreux «manquements» notés dans le vote civil et militaire. Premier point noir des élections, la «qualité des enveloppes de vote» qui n’était pas la bonne. En effet, dans beaucoup de localités du pays, le constat a prévalu. Aux Parcelles-assainies, le maire Moussa Sy a dénoncé cette situation qui a prévalu dans son bureau de vote à l’école unité 8. «C’est du parti pris, nous le dénonçons vigoureusement, les enveloppes ne devaient pas être de couleur blanche comme le bulletin du ‘Oui’ alors que le ‘Non’ est rose. Les présidents des bureaux de vote ne doivent pas, au moment du décompte, déverser les urnes car toutes les enveloppes risquent de s’ouvrir et dans ce cas, les bulletins vont être nuls. Toutes les quatre languettes se détachent au moment de mettre le bulletin dans l’urne car la qualité n’est pas bonne», s’est-il indigné.
Le «léger retard» accusé dans l’ouverture de certains bureaux de vote a été relevé par les observateurs. Cela est du fait de «l’arrivée tardive des membres de ces bureaux de vote», notamment le président, l’assesseur et le secrétaire. Pour le constitutionnaliste Babacar Guèye et ses collaborateurs, «le camp du ‘Non’ ne disposait pas de listes des inscrits, contrairement à celui du ‘Oui’, dans certains bureaux de vote et les omissions d’électeurs sur les listes notamment à Touba, Dakar et Mbacké, viennent s’y greffer».
Dans l’ensemble, ces superviseurs des élections ont regretté le faible taux de participation des citoyens au référendum, pour la première fois au Sénégal. Un «désintéressement des populations vis-à-vis du référendum» qui, selon eux, traduit un «faible taux d’information des populations sur les 15 points proposés». «Près de 200 mille citoyens ont été privés de leur droit de vote, du fait des carences de l’Administration et surtout de la faiblesse du Conseil national de régulation audiovisuelle (Cnra) face aux dérives des médias», relève-t-ils. Les observateurs du scrutin du 20 mars ont également relevé, au titre des désagréments, les «délais très courts pour l’organisation du référendum». Venu présider la rencontre avec les journalistes, le constitutionnaliste Babacar Guèye regrette ainsi le refus de l’Etat de reporter le référendum à une date ultérieure. Ce, en vue de permettre aux différents acteurs d’être fin prêts. Une manière de regretter «l’urgence dans laquelle ce referendum s’est tenu», sans aucune concertation préalable avec les acteurs concernés.
Entre désagréments, dysfonctionnements et couacs
Pour les membres du Réseau des observateurs citoyens du Sénégal, il fallait «un report du référendum pour une meilleure préparation du scrutin, qui pourrait garantir une participation du plus grand nombre de citoyens, y compris les nouveaux inscrits, soit prés de 200 mille citoyens». La transition est toute trouvée pour évoquer les difficiles conditions dans lesquelles leur mission de contrôle a été faite, le jour du scrutin, notamment «l’accréditation tardive». C’est ainsi qu’ils estiment que toutes les conditions n’étaient pas réunies pour faire un travail irréprochable. C’est pour cela le Resocit s’est contenté de faire une «observation à minima». «Avec 100 observateurs départementaux en lieux et places des 3 000 observateurs prévus et une situation room réduite le jour du vote», indiquent-t-ils. L’absence de consensus autour des réformes constitutionnelles figure parmi les dysfonctionnements.
Au chapitre des recommandations, ces observateurs de la Société civile invitent le ministère en charge des Elections à mettre en place un cadre de concertation. Lequel va regrouper les différentes parties prenantes pour un consensus autour des modalités de la formulation des lois et règlements sur les 15 points de la réforme. Il urge, à les en croire, que l’Etat du Sénégal veille au respect du calendrier électoral par les autorités. Puis procéder à une révision exceptionnelle des listes électorales, combler le vide juridique dans le Code électoral concernant l’organisation d’un référendum et fusionner la carte d’électeur et celle d’identité.
WALF