La Cop, abréviation de Conférence des parties, est une conférence supranationale sur l’environnement, ou plus précisément sur les changements climatiques. Elle est un peu la version environnementale de l’Onu. Chaque année, les participants de cette conférence se réunissent pour décider des mesures à mettre en place dans le but de limiter le réchauffement climatique à seulement 2° C d’ici 2100. La Cop21 de 2015 est la 21e conférence qui s’ouvre ce lundi à Paris. La Cop22 aura lieu en 2016 au Maroc. Les participants, appelés «parties», sont les Etats signataires de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (Cnucc), adoptée en 1992, à la fin du Sommet de la Terre, à Rio.
Cette convention reconnaît l’existence «d’un changement climatique d’origine humaine et donne aux pays surtout industrialisés et émergents le primat de la responsabilité pour lutter contre ce phénomène». Les Cop annuelles sont destinées à adopter des mesures pour que tous les Etats signataires réduisent leur impact sur le réchauffement climatique. Ce que nous savons, c’est que l’homme est le grand (ir)responsable. Par rapport à l’atmosphère, il est probable que l’influence de l’homme a été la cause principale du réchauffement climatique observé depuis la moitié du 20e siècle. Au niveau de la surface terrestre, près de 50% de celle-ci a été transformée sous l’action de l’homme, ce qui a entraîné d’importantes répercussions sur la biodiversité, le cycle des nutriments et le climat. Dans les Océans, en plus de la hausse du niveau des mers, environ 85% des ressources mondiales en poissons sont surexploitées, pleinement exploitées ou en train de se remettre d’une surexploitation. Enfin, au niveau de la biodiversité, beaucoup de scientifiques pensent que… l’homme sera responsable de la prochaine extinction de masse peut-être la plus rapide de l’histoire de notre planète ! Une équipe de chercheurs a découvert récemment des zones à très faibles taux d’oxygène dans la zone tropicale de l’Atlantique, plusieurs centaines de kilomètres au large de la côte de l’Afrique de l’Ouest. Les taux d’oxygène mesurés dans ces «zones mortes» sont les plus bas jamais enregistrés dans les eaux libres de l’Atlantique. Rencontrant une île (ou presqu’île), elles pourraient conduire à la mort massive des poissons. Dans ces zones mortes de l’océan, très appauvries en oxygène, la plupart des animaux marins, comme les poissons et les crabes, ne peuvent vivre ; une conséquence du réchauffement climatique… Si la Cop 21, autrement dit la 21e édition de cette conférence, est donc si spéciale, c’est parce qu’elle a pour objectif d’aboutir à un accord «universel et contraignant» qui prendra effet à partir de 2020 pour créer une véritable transition vers une économie et une politique mondiale éco-responsable, une grande première pour la Cop. Ceci, dans un contexte particulier de guerre contre le terrorisme… Si la collaboration entre les parties est efficace, nous pourrions donc très bientôt assister à une revalorisation de l’écologie dans les sphères politiques. Le réchauffement climatique (sans entrer dans des détails trop techniques) s’explique par une augmentation continue en gaz à effet de serre dans l’atmosphère terrestre, due essentiellement à certaines activités humaines dont l’utilisation des combustibles fossiles (charbon, pétrole, gaz naturel), la déforestation, les émissions de gaz comme l’azote et le méthane non naturel (égouts et décharges à ciel ouvert…). En plus des déséquilibres sur la répartition des volumes d’eau de pluie sur l’ensemble du globe (inondations et sécheresses assez fréquentes), le danger vient aussi de l’augmentation importante de la hauteur d’eau de mer constatée. Ce qui nous amène à nous poser la question sur Dakar… une presqu’île en danger ? En effet, le niveau de la mer est en hausse à cause du réchauffement climatique. Cette augmentation de la température fait fondre les calottes glaciaires mais dilate aussi l’eau des océans qui prennent de plus en plus de volume. Cette hausse du niveau de la mer est estimée à plus de 3 millimètres par an, selon les satellites. Que se passera-t-il dans 5, 10 ou 15 ans? A quoi ressembleront nos 700 km de côtes (de Saint-Louis au Cap Skirring) avec une montée des océans ? Que deviendra la Langue de Barbarie, écosystème fluvio-maritime exceptionnel représentant une bande de terre en forme de langue entre l’océan Atlantique et le fleuve à Saint-Louis ? On estime à plus de 150 millions les populations vivant le long des côtes et qui sont menacées. Dakar, en tant que cap et presqu’île, la partie la plus avancée de l’Afrique dans l’océan atlantique, subit forcément les premières conséquences de cette hausse des océans. Quatre éléments sont là, dont nous devons impérativement tenir compte face aux dangers qui menacent cette belle presqu’île de Dakar (ex-Cap vert). Premièrement, l’érosion côtière qui tend à faire disparaître petit à petit de nos plages et qui constitue une menace sur le tourisme balnéaire (la construction de digues et jetées ne sont pas des solutions à long terme…). Deuxièmement, la topographie de la région de Dakar avec la présence de bas-fonds, surtout en banlieue (zones situées en dessous du niveau zéro de la mer). A Pikine, Guédiawaye, Thiaroye, Malika et Mbao, c’est ce qui explique que certaines canalisations ne déversent pas les eaux usées dans la mer (exemple de certains canaux à ciel ouvert à Rufisque) et cause une inondation à longueur d’année à Darou Salam 6, un quartier de Médinatoul Mounawara dans la commune de Yeumbeul Nord à Ben Barack. Troisièmement, la nappe phréatique occupe plus de 40% de la superficie de la région de Dakar, infiltrée, par endroits, par les eaux salées de la mer. Elle est stagnante, dangereuse pour la consommation parce que polluée par la présence de nitrate du fait d’absence d’assainissement adéquat. Des puits sont creusés à moins de 100 mètres des latrines ! No comment… Quatrièmement, des événements survenus récemment font froid dans le dos. Par deux fois, le navire à passagers Aline Sitoé Diatta est retourné au port de Dakar par crainte de rencontrer une houle dangereuse signalée par les services de la météo nationale au large de nos côtes, avec la destruction de plusieurs maisons et matériels de pêche à Thiaroye-sur-mer. Ce fut une conséquence du passage de l’ouragan Fred, premier ouragan (catégorie 1) à frapper les Iles du Cap-Vert depuis 1892, avec des vents à 140 km/h, selon les météorologues américains de la National Hurricane Center (Nhc)… La nature nous envoie ainsi des signes que nous devons déchiffrer en toute connaissance. Chaque pays devra s’adapter avec ses moyens techniques, financiers et humains face à ces phénomènes. Aux Américains, nous avons proposé une nouvelle approche dans les prévisions météo en tenant compte (ce qui n’est pas le cas aujourd’hui) de l’action de la houle et du phénomène de submersion (Katrina, 1836 morts en 2005, Sandy, 72 morts en 2012, inondation de Manhattan et du métro de New York), avec un système de traque des houles dangereuses en mer sur le chemin de l’ouragan approchant les côtes (Hurricane Deadly Waves Tracker System). Cette approche se base sur le mesurage par ultrason des paramètres des vagues (amplitudes, périodes, vitesse) en fonction de la topographie des fonds marins, de façon à disposer du profil horizontal de la houle… et compenser ainsi les limites et incertitudes du dispositif d’observation satellitaire (Cf International Journal of Science and Technology, Volume 4, No 9, September 2015). Au gouvernement du Sénégal, nous avons transmis une étude technique complète sur ce nous devons faire pour venir à bout des inondations, notamment dans la banlieue de Dakar, en commençant par interconnecter les bassins de rétention construits par le Président Wade (qui sont loin d’être terminés) et déverser le surplus d’eau vers la mer par des canalisations appropriées… Je rappelle à mes compatriotes sénégalais qu’en cumulant les réalisations du Président Wade pour lutter contre les inondations à Dakar et les chantiers déjà réalisés ou en cours, menés par le Président Macky Sall, nous sommes environ à 40% des chantiers qui nous attendent et qui malheureusement ne figurent pas dans le Programme Sénégal émergent. Ceci appelle des additifs, des modifications d’approche (Nouvelle station balnéaire à Mbodiène par exemple), l’union et le consensus de tous les Sénégalais (Plan Sénégal émergent «consensuel», un vœu du Président Sall ?). Un souhait qui semble utopique vu le contexte politique national où l’opposition et la coalition au pouvoir se considèrent comme ennemis et non comme adversaires politiques. Autour de l’essentiel, comme disait le Président Diouf, la Cop21 doit être l’occasion d’une solidarité internationale pour la mobilisation des ressources, sur le plan financier notamment. Mais aussi pour la mise en place d’un système de suivi et de surveillance des engagements pris, sinon elle sera simplement une conférence de plus. Les pays comme le Sénégal sont beaucoup plus victimes que pollueurs. Le reste est une question de concertation, d’organisation, de travail et aussi de confiance en soi.
Amadou Sy DIOP