La protestation de la famille de feu El Hadj Ibrahima Sakho contre l’implantation de la culture du vin à Nguékhokh est légitime. Depuis 1970, le grand érudit de la Tijanya a fait de cette localité, une bourgade islamique, en y érigeant un complexe culturel islamique. La localité sert également de lieu de rencontre annuelle pour les musulmans venant de différents horizons.
Depuis sa disparition, son Khalife Serigne Habib Sakho, perpétue avec son oncle El Hadj Tafsir Sakho ainsi que ses frères cette pure tradition islamique. Ainsi, l’implantation, en catimini, d’un vignoble pour la culture et la production du vin «made in Senegal», est non seulement un acte de provocation contre la famille de feu Ibou Sakho, mais elle constitue une agression inqualifiable à l’encontre de la communauté musulmane du Sénégal toute entière !!!
Ce site de 10 hectares, situé près de Nguékhokh est baptisé : «Le Clos des baobabs». François Normant, un informaticien qui a débarqué au Sénégal en 2007, Philippe Franchois, un assureur qui a travaillé pendant 30 ans à Meursault, aujourd’hui, reconverti en viticulteur et Mokhsine Diouf, œnologue sénégalais formé en France sont les promoteurs de ce projet d’acculturation ! Entre Mokhsine Diouf et le vin, c’est une autre histoire qui commence avec les années 1990. Né à Accra (Ghana), dans une famille originaire de Saint-Louis, le fils de diplomate, âgé de 48 ans, a quitté Dakar après l’obtention de son bac pour des études de sociologie à Montpellier. «Le vin est arrivé par hasard, se souvient celui que l’on surnomme le «Griot des viticulteurs». Je travaillais, comme étudiant, dans une entreprise de mise en bouteilles». Après sa maîtrise, il sollicite un congé individuel de formation pour obtenir un Bts en commercialisation des vins et spiritueux, et suit parallèlement des cours d’œnologie et de viticulture.
«Avec mon diplôme, j’ai sollicité un poste vacant au sein de l’entreprise qui correspondait à mon profil, mais la réponse a été niet», raconte-t-il. Parce que j’étais novice, sans doute, et que je ne faisais peut-être pas assez couleur locale… j’ai démissionné.». Bien décidé à vivre de sa passion, le «Séné gaulois» loue un ancien garage à Clermont-l’Hérault, sur la Grand-Place de la ville languedocienne, et ouvre sa cave, qu’il baptise joliment «Au fil du vin». Il sait se montrer convaincant : «J’ai proposé à la propriétaire, représentante locale du Fn, de m’occuper de son vin et de former son fils…», raconte le Sénégalais qui veut transformer Nguékhokh en un vaste champ de vignes, avec déjà plus de 5 000 pieds plantés.
- Diouf estime que la culture du vin est une activité lucrative susceptible d’aider le Sénégal à émerger, en dépit du fait que sa population soit composée à 95 % de musulmans ! Il est vrai que, pour M. Diouf, «la culture du vin est en train de naître ici», analyse ce viticulteur-œnologue sénégalais, formé en France. Dans ce pays où 95 % des habitants sont musulmans, «à cause de la religion, il y a beaucoup d’hypocrisie sur qui boit, qui achète de l’alcool» mais, assure M. Diouf, «20 millions de bouteilles de vins et spiritueux (y) sont tout de même vendues chaque année au Sénégal», parole d’expert…
Il importe de préciser que «Le Clos des Baobabs» s’étend sur une superficie de dix hectares dont un seul est présentement exploité. Les trois compères comptent implanter leur activité dans d’autres régions du Sénégal, notamment à Saint-Louis où le climat serait beaucoup plus propice à la culture du vin. Au regard de ce projet gigantesque de déstabilisation, tous les patriotes sénégalais sont appelés à se solidariser avec la famille de feu Ibou Sakho dans leur combat légitime pour la sauvegarde de Nguékhokh et ses environs.
Mamadou Bamba NDIAYE
Ancien Ministre chargé des Affaires Religieuses