CHRONIQUE DE MAREME
Astou, mère de Malick : le message
Je m’habille avec peu d’enthousiasme pour aller voir Aicha, ma belle – fille. Je ne sais pas pourquoi, mais elle ne me dit rien qui vaille. Je ne la connais pas vraiment, raison pour laquelle je suis sur mes gardes. Toutes les mères sont anxieuses, intrusives et surtout possessives avec leurs fils. Voir Malick si épris de cette femme, me fait peur. Elle surement va avoir une grande emprise sur mon fils. Ne dit – on pas que l’amour rend aveugle et Oumi en est l’exemple patent. Son mari lui en a fait voir de toutes les couleurs et pourtant elle reste avec lui. Malgré tous les efforts, je n’arrive pas à tourner la page sur ce qu’ils ont fait endurer à ma fille. Mais, je comprends cette dernière puisque je l’ai éduquée ainsi. Pour moi, la femme authentique est celle qui met sa vie au service de sa famille. Est – ce que Aicha est prête à tous les sacrifices pour mon fils, a t – elle l’âme d’une battante, d’une femme généreuse prête à partager, accepter et surtout à se dévouer à Malick et à sa famille. Si elle est comme Abi, je crois que je pourrais la supporter malgré le fait qu’elle soit d’une ethnie différente. Non pas que je sois raciste mais je veux que tous mes petits fils adoptent nos traditions et parlent couramment le toucouleur.
J’arrive à l’hôpital une heure plus tard. J’appelle mon fils pour lui demander dans quelle chambre se trouve sa femme et me voilà dans le couloir. Devant la porte j’entends une discussion alors instinctivement je m’approche de la porte à pas de loup. Pendant cinq minute, je n’ai entendu que des murmures alors je me décide à entrer sans frapper. Elles sursautent toutes les deux avant de me faire un sourire jaune. Le ton est donné, elles ne m’aiment pas et c’est vice – versa.
- Salamaleykoums, mes chères.
- Moualeykoums salam disent – elles en cœur. Je me tourne vers la maman de Aicha
- Ndiaye
- Sall
- Ndiaye
- Sall
- Et la famille ?
- AL Hamdoulilah
- Ndiaye
- Alors ma fille, tu vas mieux ?
- Oui Allhamdoulilah. Ce n’était pas la peine de faire le déplacement, je…
- Bien sûr que je dois venir sinon mon fils croirait que je ne vous porte pas dans mon cœur, ce qui est tout – à fait injustifié.
- Jamais il n’oserait croire en cela….
- En tout cas, il était fâché contre moi pour je ne sais quoi ? Bref, félicitions pour le bébé, je suis très contente.
- Merci maman. Je tique un peu, je n’aime pas qu’elle m’appelle maman, c’est trop intime, trop personnel. Je prends un grand air avant de continuer.
- Bon je vais être directe. Vous avez surement remarqué que je suis un peu réticente à votre égard. Eh bien c’est parce que vous êtes sérère et j’ai peur que vous inculquiez votre culture à vos enfants et pas la nôtre. Moi j’y tiens énormément, c’est une chose très importante pour moi et j’ai beaucoup veillez à ce que tous mes petits-fils reçoivent la même éducation que mes enfants. Est – ce que je suis assez claire. Elle me sourit mais cette fois avec plus chaleureusement.
- Ne vous inquiétez pas, ma mère ici présente m’a toujours fait comprendre que quelle que soit la culture de son mari, nous nous devons de les adopter et surtout de nous dissoudre dedans. Ce n’est pas pour rien que mon nom a laissé place au leur. Je me suis tournée vers sa maman qui, elle aussi me souriait mais c’était surtout un sourire de moquerie. Je n’aime pas cette femme. Depuis que je suis là, elle n’a pas ouvert la bouche, insolente shim. Comme si elle avait lu dans mes pensées, elle ouvre enfin la bouche.
- Votre grand boubou est très joli. J’ai dit un petit merci, je suis restée encore quelques minutes avec eux avant de prendre congé.
Je suis sur le chemin de retour quand je reçois un message d’un numéro que je ne connais pas. J’ouvre et j’ai failli avoir un AVC quand je lis.
« Le mariage de votre fils avec Aicha n’est pas valide car elle était déjà enceinte avant le jour j. »
J’ai lu et relu le message dix fois avant d’appeler directement Malick complétement paniquée. Il décroche à la deuxième sonnerie.
- Bonjour Maman, tu as vu Aicha ?
- Oui répondis – je d’un ton colérique. Elle est enceinte de combien de jours ?
- Dix pourquoi ?
- Ce n’est pas ce que le message qu’on vient de m’envoyer dit.
- Quel message, demande t – il avec calme.
- Je te l’envoie répondis – je avant de raccrocher énervée. Cinq minutes plus tard il me rappelle et cette fois c’est lui qui est énervé.
- Tu peux me donner le numéro de téléphone de celui qui te l’a envoyé ?
- C’est ta réponse ? Malick, tu ne m’as jamais vu en colère. C’est quoi cette histoire. Tu oses épouser une fille qui est déjà enceinte alors que tu sais que ta religion…
- Maman arrête crie – t – il, ce n’est pas vrai, pour qui tu me prends toi aussi ?
- Pour quelqu’un de très amoureux et qui est prêt….
- T’as pas entendu ce que je t’ai dit, c’est faux, Aicha est tombée enceinte après le mariage. D’ailleurs je n’ai jamais couché avec elle avant alors s’il te plaît envoie le numéro. Je suis sûr que c’est Marianne.
- C’est qui Marianne ?
- Une longue histoire maman, je n’ai pas envie de parler d’elle.
- Alors ne me mêle pas de tes histoires si tu comptes me cacher des choses ah. Je raccroche sans plus attendre, énervée au plus haut point. Je ne sais pas si ce message qu’on m’a envoyé dit vrai mais je vais ouvrir grand les yeux. Si Aicha accouche avant les neufs moi, mon fils va voir ma colère passer.
Aicha : l’héritage
Je ne sais pas pourquoi, mais depuis hier, j’ai une grosse boule au fond de ma gorge, comme un mauvais pressentiment. Je ne l’ai pas dit à Malick ce matin pour ne pas le stresser mais j’ai appelé ma mère pour lui apprendre d’abord la bonne nouvelle, ensuite pour lui demander de prier pour moi et de faire quelques offrandes. De suite elle a commencé à me poser mille et une questions. J’ai fini par craquer et lui raconter ce qui s’était passé. Une heure plus tard elle était là en mode panique. Vous connaissez les mamans, j’ai l’impression dès fois qu’elles ont mémorisé la signification du mot exagéré dans le dictionnaire. Je n’ai pas osé lui dire que toute la famille du côté de Malick savait déjà que j’étais enceinte. Mais quand ma belle-mère est passée, je n’avais plus le choix. Avez-vous déjà vu une sérère en état de panique ? Je ne vous le souhaite pas. Elle était comme une abeille en ruche, ça faisait vin vin vin dans mes oreilles. Est – ce de ma faute si j’ai un mari toubab ish. Après m’avoir réprimandé pendant presque une demi – heure, elle a appelé l’imam de notre quartier pour qu’il fasse un récital de Coran pour moi. Ensuite elle a appelé ma grand-mère pour des offrandes. D’habitude je ne suis pas superstitieuse mais il y ‘avait tant de colère dans les yeux de cette Marianne que ça m’a fait peur. Tous les matins j’apprends deux parties du Coran et ça je le fais depuis le Daara mais aujourd’hui j’éprouve le besoin de faire plus. Il y a ce sentiment de danger qui ne veut pas me quitter.
Papa et Menoumbé sont venus nous rejoindre vers 17 h. J’avais insisté pour qu’ils ne se donnent pas cette peine puisque je sortais à 18h mais ils ont tenu à faire le déplacement. Comme à son habitude mon frère m’a attaqué dès qu’il a ouvert la porte.
- Efficacité euw, un vrai footballeur, plus rapide que Messi.
- Tais-toi insolent, dit Papa en se retenant de rire.
- Toi aussi papa, il faut reconnaitre la rapidité de ton gendre. Première minute et il marque un but kéh kéh kéh. Je lui ai jeté mon coussin au visage. Il me l’a renvoyé, ce qui a provoqué une peur bleu chez maman qui l’a tapé très fort à la tête. Gnawe (bien fait). Je lui tire la langue et il me fait signe genre tu ne payes rien pour attendre. Maman vient s’assoir prés de papa en lui prenant la main, le visage toujours sérieux.
- Ngor, il faut que tu parles avec ton gendre. Figure toi que la terre entière est au courant que Aicha attend un enfant alors qu’elle n’a même pas deux semaines.
- Et alors ? Si Dieu dit que l’enfant doit naitre alors il naitra ; rien ni personne ne pourrait empêcher ce que Dieu a déjà tracé.
- J’ai perdu deux grossesses et tu sais le pourquoi. Je ne veux pas que ma fille traverse la même épreuve Ngor.
- Inchalla, il ne lui arrivera rien. Comme avec toi, on va redoubler nos prières, faire tous les vendredis des offrandes et Inchalla, ma fille me donnera ma première petite-fille ou petit-fils. D’accord ? Maman acquiesce de la tête, je vois une larme tomber. Je n’ai pas l’habitude de la voir perdre autant sa contenance.
- C’est bon maintenant, on peut passer aux choses sérieuses demande Menoumbé avec jovialité histoire de détendre l’atmosphère.
- Non, encore une dernière chose dit ma mère. Chi, je crois qu’elle vieillit, ki métina nak (elle nous fatigue à la longue avec sa crise d’angoisse). Ta fille est une vraie poule mouillée.
- Ah bon et qu’est – ce qu’elle a fait, demande papa en plissant les yeux.
- Hé maman, s’il te plait…
- Elle s’est laissée battre par une petite fille à papa, d’ailleurs c’est pour ça qu’elle est ici. La fille là, lui en a fait voir de toutes les couleurs. Pourtant elle est petite et mince comme elle….Elle se mit à raconter la bagarre en ajoutant quelque touche, ha les femmes, elles sont trop fortes pour exagérer les histoires. Elle a décrit la scène avec une telle dextérité que j’ai cru un instant qu’elle y était. Ki dou nite (elle n’est pas humaine).
- Shim, Aicha tu n’as aucune jugeote ajoute mon frère histoire de me narguer. Tu es sérère et tu…On ouvre la porte et c’est Malick. Ouf sauvé par le gong.
- Bonsoir la famille, dit – il avec son sourire de rêve.
- Bonsoir Messi kéh kéh kéh, ricane Menoumbé à qui je lance un regard noir. Ils se tapent la main comme des potes de longue date.
- Que me vaut l’honneur de ce surnom demande Malick avec une voix taquine.
- Devine, dit Menoumbé en se tournant vers moi ce qui fit éclater de rire Malick.
- Yaw do dème (tu es incroyable), dit – il en venant s’assoir près de moi. c’est au tour de mon père d’attaquer. Il voulait savoir le pourquoi de l’attaque et quelle mesure avait pris Malick pour que cela ne se reproduise plus. J’appris en même temps que mes parents que la fofolle a été obligée par son père de quitter le pays et que plus jamais elle ne ferait de mal. Ouf voilà une bonne nouvelle. Mon père a tout de suite enlevé son casque de protecteur et l’atmosphère s’est détendue.
Nous étions en train de discuter gaiment sur le futur bébé à venir quand le portable de Maman a sonné. Elle décroche en allant se placer près de la fenêtre. A un moment, je la vois plisser les yeux. Ensuite elle se tourne vers moi avant de regarder maladroitement mon mari. Il se passe quelque chose.
- Qu’est – ce qu’il y a maman ? Elle me fait signe genre tais-toi et se tourne pour parler en sérère. Papa se lève et s’approche d’elle. Je concentre toute mon attention sur elle.
- J’espère que tu ne lui as pas donné mon numéro ni celui d’Aicha dit ma mère en sérère. Mon cœur commence à battre très fort. Elle continue : c’est bizarre, j’en parle à ma fille et je te rappelle. Surtout ne donne aucun numéro au gars. Elle raccroche et se prend la tête.
- Guawé gnou boke (dis-nous vite), lance mon père d’un ton impatient.
- C’est ma sœur. Elle dit qu’un gars l’a appelé ce matin désirant la voir au sujet d’un héritage que ton défunt mari avait laissé pour toi Aicha.
- Un héritage ? C’est quoi cette histoire ? Et comment se fait – il qu’il me contacte après cinq longues années ?
- Parce qu’il ne savait pas où tu étais et qu’il t’a cherchée partout. Tu oublies que ton père avait changé nos numéros de téléphone ainsi que nos identités. D’ailleurs je me suis toujours demandé pourquoi une telle extrémité, dit – elle en se tournant vers papa qui d’un coup fuit son regard.
- J’ai fait ce qu’il fallait Dibore. Par jalousie et par cupidité, mes frères et sœurs, m’ont volé et détruit ma vie sans état d’âme. Quant – à Aicha, elle était la ligne de mire de tout Fatick. Alors cette renaissance il le fallait finit – il d’un ton énervé.
- De toute façon, je n’ai pas besoin de voir cet homme puisque je ne prendrais pas cet héritage, dis – je pour calmer l’atmosphère qui est devenue tendue tout d’un coup.
- Oui, mais il est temps d’arrêter de nous cacher de ta famille comme si nous avions honte de quelque chose. La justice divine a tranché et aujourd’hui nous avons su relever la tête après tous nos malheurs. Il est temps que nous sortons de l’ombre finit maman.
- Non crie mon père en se levant. Je ne veux renouer aucun contact avec eux. Un point, c’est tout. Quant – à ta sœur, dis-lui d’arrêter de se mêler de nos vies et de donner nos numéros un peu partout. Depuis que tu es à Dakar, elle ne nous a jamais porté un intérêt sur nous. Alors elle n’a qu’à continuer de faire comme si on n’existait pas. D’ailleurs, dès demain tu changes ton numéro. Allons-y, il se fait tard finit – il en tournant les talons et en nous faisant un au revoir de la main. Ma mère s’est tournée vers moi avec mille et une questions dans les yeux avant de suivre mon père qui était déjà sortie. Quant à Menoumbé, il s’est approché de moi, les yeux plissés comme si il réfléchissait.
- Tu penses à ce que je pense.
- Oui, avant j’avais des doutes du fait que nous avons quitté Fatick en catimini mais aujourd’hui avec le comportement un peu excessif qu’il vient de faire, je sens et je sais qu’il ne nous a pas tous dit.
- On peut bien vouloir refaire sa vie mais de là à changer son identité. C’est surement parce qu’il voulait fuir quelque chose ou tout simplement quelqu’un dit Malick en m’enlaçant.
- Je ne pense pas que mon père trempe dans des magouille mais je trouverais le fin fond de cette histoire reprend Menoumbé.
- S’il te plait fait le et vite.
- Inchalah, bon je te laisse, on s’appelle dans la soirée dit Menoumbé en quittant la chambre précipitâmes. A cet instant, Malick regarde sa montre, ce qui me pousse automatiquement à me fondre dans ces bras.
- S’il te plait, pas tout de suite. Je ne sais pas pourquoi mais depuis ce matin j’ai un mauvais pressentiment lui dis – je.
- Ne t’inquiète pas. Quoi que cela puisse être, on saura faire face.
- Je l’espère mon amour dis – je en inspirant très fort son parfum d’homme musqué.
- C’est bien que l’on en parle car il se trouve que l’on doit faire notre mariage civil et je ne veux pas que cela se fasse avec de faux papier. Chez moi, je t’ai présenté sous le nom de Aicha alors que ta carte d’identité, le contrat que tu as signé avec nous et les autres paperasses ont été signé sous le nom de Fanta. Donc, forcément, il y a anguille sous roche et si je me maris avec toi avec ce faux nom, notre mariage risque d’être rejeté ou contesté plus tard.
- Alors remet tout en ordre avant que l’on ne passe à la maire.
- C’est ce que j’ai l’intention de faire mais il faut que j’en parle à ton père car il a surement détourné la loi. Je sursaute en le regardant effaré. Ne me regarde pas ainsi, je ne fais que dire ce que je pense. En combien de jours à t – il réussit à changer vos identités ?
- Heu, une semaine je crois.
- Alors c’est sure, pour avoir ça aussi rapidement, il a surement payé des gens. C’est délicat, je vais y mettre mes hommes et on verra. Je respire un grand coup avant de prendre mon portable.
- Tu fais quoi ?
- J’appelle ma tante.
- Pourquoi faire, tu as dit que tu ne voulais pas de cette héritage dit – il en faisant une grimace.
- Ne t’inquiète pas. Quoi que cela puisse être, je ne le prendrais pas. C’est juste que je veux régler ce problème moi-même. Je n’ai pas envie que mes parents s’en mêlent surtout sachant que mon père me cache des choses.
- Moi, je pense qu’il vaut mieux savoir d’abord ce que ton père te cache avant de faire quoi que ce soit.
- Tu trouves ?
- J’en suis sure dit – il en m’embrassant tendrement. Mais comme à chaque fois, nos baisers s’enflamme toujours vite et je retrouve à onduler le bassin contre lui. Il relève la tête et nos regards se croisent en disant long sur le désir immense que l’on récent à cet instant et qu’on essaye de refouler au maximum.
- Hum, ne me provoque pas chérie dit – il d’une voix rauque.
- Il ne fallait pas m’embrasser, tes lèvres sont un vrai délice miam miam. Il éclate de rire, me fait une bise avant de se lever.
- Habille toi et sortons d’ici avant que je ne réponde plus de moi. C’est encore trop tôt pour moi de rester seule avec toi dans une pièce.
- Ah bon pourquoi demandais – je en me dandinant. Il recule rapidement et me lance un regard noir.
- Ne soit pas méchant toi aussi, c’est déjà assez dure comme ça. Je t’attends en bas, le temps que je pose quelques questions à ton gynéco.
- Quel genre de question ?
- Devine ? Il ouvre la porte en ricanant avant de fermer. Je me dirige vers l’armoire en chantonnant, il n’y a que Malick capable de remettre d’aplomb. Je l’aime tant ce mec. Je touche mon ventre, je n’arrive toujours pas à croire que je suis enceinte. C’est trop tôt pour moi, j’aurai dû prendre une contraception. Après l’euphorie, je suis passé à la réflexion, toute la nuit, je me suis mise à faire lire sur l’internet les articles sur la grossesse. Je voulais tout savoir et ce que j’ai vu ne me réjouit pas du tout. En un mot, je devrais faire face à des nausées matinales, à une fatigue exagérée et surtout mes gouts culinaires vont complétement changer. L’université s’ouvre dans deux semaines, serait – il possible d’allier étude, grossesse, boulot et surtout ménage ? Je préfère ne pas y penser pour l’instant car j’ai plus urgent. Connaitre la raison exacte de cette renaissance comme
- mon père sait si bien le dire.
Menoumbé : réminiscence
Je n’arrête pas de regarder mon père à la dérobée toutes les cinq minutes. Depuis qu’il est sorti de l’hôpital, il s’est emmuré dans un silence total. Je me demande comment je vais faire pour parler mais il le faut.
Dès que nous sommes rentrés dans l’appartement maman l’a attaqué. Ils parlaient si rapidement sérère que je n’ai suivi qu’une bribe de leur conversation. C’est la première fois que je vois ma mère tenir tête à Papa. C’est pourquoi je me dis que c’est grave et plus elle insistait pour connaitre la vérité, plus Papa se braquait et plus j’avais peur. A la fin, c’était un dialogue de sourds et mon père est finalement sorti de l’appartement en claquant la porte. C’est seulement vers minuit que j’entendis la clé de la porte s’ouvrir. Il n’est rentré que vers minuit. J’avais convaincu maman d’aller se coucher il y a une heure et lui avait promis de l’attendre de pied ferme. Quand il entra dans le salon, il avait les épaules affaissées comme s’il avait tout le poids du monde sur les épaules. Il ne regarda même pas vers ma direction alors qu’il savait que j’étais là. Il s’assit sur le canapé et s’y affaisse.
- Papa, quoi que puisse être ce que tu caches, ce n’est pas en le gardant que ça va se résoudre. Nous serons toujours à tes côtés quel que soit ce que tu as fait. Ce n’est pas à nous de te juger au contraire.
- Qu’est – ce que vous avez tous à croire que j’ai fait quelque chose de mal. D’abord ta mère, maintenant toi. Depuis le temps que vous me connaissez. Pour qui vous me prenez han ?
- Un homme juste, droit et travailleur. Mais aussi un homme qui serait capable de tout pour sa famille lui répondis-je.
- C’est vrai que je ferais tout pour vous mais jamais quelque chose qui serait à l’encontre de mes principes.
- Un de tes plus grands principes est de dire toujours la vérité quoi que cela puisse nous en couter mais…
- Il y a une différence entre mentir et cacher une information.
- Donc il y a bien quelque chose que tu nous caches ? Pourquoi ? Ne pense tu pas que c’est à nous de juger ou pas ? En voulant nous protéger de je ne sais quoi, tu es en train de nous faire douter de toi. Arrête de nous surprotéger et surtout de garder le fardeau pour toi seul. Papa se prend le visage et respire un grand coup.
- De toute façon je suis obligé de vous le dire à tous. Peut – être que je suis juste paranoïaque et que ce Wilane a déjà oublié ma fille depuis longtemps.
- Wilane ? Le fameux homme d’affaire sur qui Aicha avait tiré?
- Oui mon fils, ce Wilane et il commença à me raconter comment l’homme de main du défunt maire était venu le voir. J’appris avec effroi les 50 millions qu’il avait payés pour avoir Aicha. Pendant presque une demi – heure, Papa me raconta tout, la vente de la maison, le pourquoi du changement d’identité, tout. D’après ce gars, Wilane est l’homme le plus dangereux en Afrique et que pour lui Aicha l’appartenait maintenant. Disparaitre était la seule option. J’étais choqué quand il eut fini. Je suis resté quelques minutes sans rien dire.
- Tu crois qu’après tout ce temps, ce fou se rappelle encore de Aicha.
- Je ne sais pas mais je préfère continuer de rester sur mes gardes et vous aussi.
- Je te comprends maintenant et on doit aviser Maman et Aicha, c’est plus sure car…
- Ta mère oui mais pas Aicha. Je ne veux que rien ne viennent perturber son ménage.
- Papa, arrête de prendre Aicha pour une petite fille, elle est plus mature que nous tous réuni.
- Menoumbé, elle est en début de grossesse alors s’il te plaît ne lui dis rien sinon elle risque de faire une fausse couche.
- Tu as raison mais je te préviens, dès qu’elle accouche on lui dit.
Je quitte le salon en ayant le sentiment qu’on ne faisait pas le bon choix. Mon père a choisi le mensonge à la vérité, la fuite à l’affrontement. Moi je préfère une vérité qui fait mal qu’un mensonge qui fait du bien.
Wilane : la pression
- Pourquoi cela tarde autant criais – je.
- Je suis arrivé à avoir le numéro de la….
- Épargne-moi les détails mecs, je veux juste savoir quel jour ?
- Quel jour pour quoi ?
- Pour m’amener ma femme, parce que je te préviens tout de suite, il est hors de question que j’attende encore une semaine sachant qu’elle vit ici à Dakar. C’est compris.
- Euh…Je….monsieur…
Je traverse la distance qui nous sépare et lui prend violemment le cou en serrant au maximum.
- Je te donne une semaine tout aux plus pour me la retrouver sinon je te jure que je vais couper tes doigts un à un. Chaque semaine qui passe, j’en coupe un et quand il y’aura plus, je coupe tout ce qui pend sur ton corps. Il ouvre encore plus grand les yeux et quand je le laisse, il essaye de reprendre au maximum son souffle. J’en ai marre de patienter, je veux ma Aicha un point c’est tout.
- Je ne veux surtout pas paraitre superstitieux mais cette femme risque de vous amener à votre perte.
Ah bon pourquoi
Elle est protégée par je ne sais quoi mais j’ai remarqué qu’à chaque fois que vous tentez d’arriver à votre but, il y a un obstacle qui se dresse devant vous. Je me dis qu’il serait préférable peut être de laisser tomber.
Par Madame Ndèye Marème DIOP