Après avoir placé son pion, Patrice Motsepe, à la tête de la Caf, en mars 2021, Gianni Infantino a réussi à capter l’instance, une «république ballonnière». Il y fait placer ses hommes aux postes stratégiques et dicte sa loi dans la manière dont le ballon doit rouler sur le continent.
Les roueries de la Fifa avec la Caf inquiètent toute la planète foot africaine. Depuis son élection étrange à la tête du football africain, le 12 mars 2021, Patrice Motsepe pose des actes incompréhensibles dans la gestion du ballon rond sur le continent. Et les nombreuses alertes n’ont pas jusqu’ici permis de le pousser à se rebiffer de ce mentorat de Gianni Infantino, président de la Fédération internationale de football amateur (fifa), une instance soupçonnée d’amples magouilles pour offrir à la Russie et au Qatar l’organisation des Coupes du monde 2018 et 2022. En effet, il y a peu, le magazine spécialisé français France Football avait dédié une grande enquête à l’immixtion constante de la Fifa dans la gestion des affaires de la Confédération africaine de football (Caf). Un constat qui a poussé bon nombre d’observateurs à faire du milliardaire sud-africain, propriétaire du club du Mamelodi Sundowns Fc, comme la «marionnette» ou la «poupée» de Gianni Infantino, lui qui s’est déplacé, en février 2021 à la veille de l’élection en mars au Maroc, dans onze pays africains, rencontrant moult chefs d’État (Rwanda, Afrique du Sud, Sénégal, Congo-Brazzaville, Mauritanie…) pour faciliter l’élection de son protégé contre la menace du Sénégalais Augustin Senghor qui s’est finalement embourbé dans un compromis qu’aucun esprit sensé ne comprend.
Ainsi, la volonté d’Infantino de mettre l’instance africaine du football sur sa tutelle personnelle, sur tous les plans, est en œuvre. «La Caf a été captée par Gianni Infantino. Le football africain n’existe plus. Qui est-il pour imposer de prendre telle ou telle décision ?», déclarait Ismail Bhamjee, ancien président de la Fédération du Botswana et ex-dirigeant de la Fifa et décédé depuis.
Président de la Caf, Patrice Motsepe ressemble plus à un pot de fleur au milieu de la table d’Infantino. Lequel, raillent certains cadres de la Caf, «prend toutes les décisions au siège du Caire» (Egypte). A preuve, avec tout ce que le continent compte comme hauts cadres, aux compétences avérées, Motsepe a accepté de prendre un ami d’université de Gianni Infantino, Véron Mosengo-Omba, venu de la Fifa, pour tenir le rôle de secrétaire général de l’instance du football africain. Idem pour Luca Piazza, ami d’enfance de Gianni Infantino, directeur des réformes de la Fifa, qui pilote tous les aspects financiers et ressources humaines. Quid de Paul Calder, responsable des ventes et de la distribution des droits médias de la Fifa, qui officie comme directeur commercial de la Caf.
Ainsi, de plus en plus de voix s’élèvent sur le continent pour dénoncer l’intervention en direct de la Fifa dans la gouvernance de diverses fédérations. Cité par nos confrères de France football, Abdouraman Hamadou Babba, président de l’Etoile Filante de Garoua (Cameroun), confiait, le 16 novembre 2021 : «Tous les efforts du personnel de la Fifa en Afrique visent à installer à la tête des fédérations des personnes ayant fait allégeance à M. Infantino, dont l’obsession électorale est la raison principale de l’état de sous-développement du football africain». Tout semble être dit là !
Seyni DIOP